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  • Photo du rédacteurMarine Baby

La culpabilité du nouveau parent engagé

Dernière mise à jour : 19 oct. 2021

Voici une chose avec laquelle je dois vivre et qui me hante: la culpabilité.


Vous me direz, qu'on culpabilise tous pour quelque chose qu'on a pu dire ou faire.

Ici, je parle de la culpabilité à laquelle font face les personnes, et notamment les parents, qui prennent conscience des injustices autour d'eux et des privilèges (ou avantages, le mot importe peu) dont ils ont joui jusqu'à présent.


J'avais donc envie de parler de ma propre culpabilité.



Picture: Liza Summer/Pexel



MES PRIVILÈGES


Je suis, ce que j'appelle, une multi-privilégiée. Mes privilèges me viennent de mon identité, mais aussi de mes situations familiales, de mon éducation et de ma génétique.


Voici, une liste de mes principaux privilèges:

- cisgenre et hétérosexuelle (je n'ai jamais eu à craindre qu'on découvre mon genre ou mon orientation sexuelle, etc.)

- neurotypique (je n'ai jamais eu de difficultés d'apprentissage ou dans mes relations ou mes communications, ni de maladies mentales, etc.)

- mince (je ne subis pas de regards condescendants ou d'avis déplacés du personnel médical, je n'ai aucune difficultés à trouver des habits, etc.)

- je n'ai jamais connu la pauvreté

- aucun handicap physique (je n'ai pas à me demander si des lieux me seront accessibles ou si le lieu sera adapté à mes besoins)


Un dernier avantage que j'ai et qui pourtant est aussi un désavantage:

je suis métisse marron clair

Je précise "marron" et "clair" car cela donne le ton: ma peau montre que je suis aussi métisse blanche. On se doute qu'un de mes parents est blanc et pas l'autre, mais sans pouvoir identifier sa race ou son ethnie.



J'ai donc subi le racisme, mais j'ai aussi joui du colorisme. Le colorisme, c'est le fait de distinguer un groupe racial par sa clarté de peau. Nous sommes suffisamment noirs pour être "l'ami.e noir.e", mais suffisamment blancs pour avoir juste l'air bronzé.

Mes cheveux lisses, mes traits caucasiens, mon accent neutre et mon nom TRÈS français m'ont permis de me sortir de bien des situations et de me fondre dans la masse raciale dominante. Et de cela, je culpabilise énormément.



Picture: Samson Katt/Pexel



MA CULPABILITÉ


Réaliser toutes les injustices environnantes et les privilèges-oeillères que j'ai portés toute ma vie sont encore difficiles à accepter.


Car même, lorsque j'ai pris conscience du racisme dont je pouvais être victime du fait de ma couleur de peau et de mes origines, j'ai décidé de volontairement jouer la carte de l'exotisme:

Je suis Réunionnaise. Mais face au regard des autres et face à leur éducation coloniale, lorsque je comprends, que je suis assimilée à "noire" ou "Africaine" ou descendante d'anciennes colonies esclavagiste, je décide de poser ma carte "exotisme".

Pendant des années, j'ai dit que j'étais Réunionnaise et Polynésienne. J'ai effectivement vécu quasiment 10 ans en Polynésie Française, mais je ne suis pas Mao'hi. Certes, j'ai fait mon mémoire sur la reconnaissance d'une interlangue reo-farani ou franco-tahitien, mais je n'ai pas une goutte de sang polynésien. J'ai utilisé cette appropriation pour me préserver d'un certain racisme et c'est lorsque j'y ai tout de même été confrontée que je me suis rendue compte que c'était raciste et que je manquais de respect aux Polynésiens.

Je culpabilise encore.

La Polynésie gardera à jamais mon coeur, je manifesterai pour les droits des Polynésiens, j'ai un petit tatouage et je connais la signification de chaque signes et je ne porterai plus de fleur à l'oreille.


J'ai aussi intériorisé de la misogynie, du racisme, de la grossophobie et même du capacitisme ("ableism" en anglais, qui signifie discrimination à l'égard des personnes ayant un handicap). Lorsque je me rends compte des propos que j'ai tenus : je culpabilise.


J'essaye donc, de faire, ce qu'on n'a pas fait pour moi: éduquer et donner des clés de compréhension aux autres multi-privilégié.e.s.


On ne va pas se mentir, il est plus facile de sensibiliser des personnes n'ayant pas la totalité des privilèges. Lorsqu'on est le modèle parfait de la société, se remettre en question, c'est cracher dans la soupe dans laquelle on a mangé toute sa vie.


Il y a aussi des moments dans sa vie où on est plus réceptif. Pour moi, ce fut le racisme dans mon cadre professionnel et ma grossesse. Sans ces 2 choses, je serai restée dans ce brouillard d'ignorance. Je culpabilise car j'ai vécu 30 ans sans jamais me poser de question, ni essayer de m'éduquer.



CONCLUSION


Je ne sais pas encore quand et comment, je vais réussir à faire amende honorable, mais pour l'instant, je vis avec ma culpabilité et j'ai décidé de devenir une alliée fiable pour tout ceux ayant besoin d'une justice sociale et/ou d'une justice restorative.

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