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    Le modèle familial des personnes esclavagisées

    • Photo du rédacteur: Marine Baby
      Marine Baby
    • 17 févr. 2022
    • 3 min de lecture

    Ce post est une collaboration entre les 2 comptes activistes, @marine_mom_kréol et @ti_boug_bumidom.

    Nous avons voulu aborder la place des châtiments corporels dans l'éducation des enfants chez les familles afro-descendantes de la Réunion et des Antilles.

    Il s'agit d'expériences et de recherches personnelles. En aucun cas, nous ne faisons de généralités. Nous aborderons donc dans 3 posts, comment l'esclavage et le patriarcat ont modifié le modèle familial de ces familles et ont implementer ces sévices. Puis, les conséquences actuelles.


    Modèle familial des personnes esclavagisées :


    Le sujet de la maltraitance et des violences intra-familiales infligées aux enfants chez les afro-descendant.e.s est un sujet difficile à aborder. D’abord, parce qu’il nous oblige à une introspection bien souvent douloureuse.Ensuite parce que le sujet est bien souvent instrumentalisé par des personnes atteintes du complexe du « white savior ». Cela étant dit, quel est le poids de l’Histoire sur les violences éducatives dans les familles afro-descendantes?


    Comment la déconstruction des modèles familiaux non occidentaux dans les sociétés esclavagistes a-t-il pu avoir une conséquence néfaste sur le recours aux châtiments corporels ?


    Le contexte colonial et esclavagiste ne permettait pas une structuration familiale sereine. La conséquence directe est que ni les peuples africains ni les peuples des Premières Nations purent conserver leurs propres modèles. En effet, les hommes esclaves n’avaient qu’un rôle reproducteur et l’autorité paternelle revenait donc à l’esclavagiste.


    De plus, la constitution d’une famille était une source d’inquiétude pour les colons qui y voyaient une forme de cohésion pouvant remettre en cause leur autorité dans la plantation et engendrer des révoltes.

    C’est pourquoi, ils voyaient d’un très mauvais œil la constitution d’une famille d’esclaves dans leur plantation.


    Quid des violences intra familiales et des châtiments corporels? Il n’existe pas de documents prouvant que ces violences étaient d’usage en Afrique de l’Ouest (principal région d’où les personnes esclavagisées étaient originaires) avant l’esclavage et la colonisation.

    En revanche, on trouve beaucoup de références aux violences faites aux enfants dans les littératures et les arts européens (ex.: Zeus et son père violentaient ou ont tué leurs enfants).


    C’est donc ce modèle familial qui devint la norme pour les familles d’esclaves. Ces derniers ont reproduit les violences qu’exerçaient les colons sur leurs enfants. Les châtiments corporels sont devenus systématiques dans l’éducation des afro-descendant.e.s.


    Malgré le chamboulement dans les coutumes et traditions africaines, la mère demeure le pilier de la famille. Cela s’explique par l’absence des pères qui entretient la matrifocalité des familles antillaises et réunionnaises issues des traditions africaines.


    La charge éducative revenait donc à la mère dans ce contexte de déstructuration familiale et d’omniprésence de la violence.


    On peut ainsi considérer que les châtiments corporels révèlent l’impuissance des descendant.e.s d’esclaves démunis de leurs modèles familiaux traditionnels d’une part; et qu’ils sont le fruit de la reproduction de la violence qu’iels subissaient par les esclavagistes d’autre part.


    Conclusion


    La violence éducative et les châtiments corporels ne sont pas inhérents aux traditions africaines. Pourtant les parents noir.e.s font souvent face à des jugements ethnocentristes et racistes par des personnes ne remettant pas en cause leur propre modèle éducatif.


    Nous aurons l’occasion d’en parler dans le prochain post intitulé: « Patriarcat ou modèle familial des familles esclavagistes.»



    Sources:


    Stacey Patton, PhD, Corporal punishment in black communities: Not an intrinsic cultural tradition but racial trauma, American Psychological Association, April 2007


    Vanessa M. Holden, Slavery and America’s Legacy of Family Separation, African American Intellectural History Society, July 25, 2018


    Heather Andrea Williams, How Slavery Affected African American Families, University of North Carolina at Chapel Hill, National Humanities Center Fellow (.com)


    Akli Aouaa, Les sociétés matriarcales en Afrique, ESMA N°2, 4 Janvier 2018


    Ángeles Jurado, D’hier à aujourd’hui, la puissance du féminisme africain, Courrier International, 15 mars 2019


    Anne Rasatie, La société matriarcale et matrilinéaire des Ashanti, Nofi Media, Septembre 2019

     
     
     

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    Marine Mom Kréol

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