Sévices corporelles dans les familles afro-descendantes : quelles conséquences?
- Marine Baby
- 23 févr. 2022
- 3 min de lecture

Avant-propos
Ce post est le 3e en collaboration entre @marine_mom_kréol et @ti_boug_bumidom. Nous avons expliqué la corrélation entre l'esclavage, le patriarcat européen et les châtiments corporels chez les familles afro-descendantes de la Réunion et des Antilles. Dans ce dernier post, nous abordons succinctement les conséquences génétiques et les traumas actuels de ces violences.
Trauma transgénérationnel et épigénétique
On sait désormais que l’ADN porte des éléments chimiques ou non-codants et que ce sont eux qui sont affectés par les traumas. Lorsqu’il y a un choc émotionnel et/ou un stress intense et récurrent (stress toxique), le cerveau produit de l’adrénaline et de la cortisol. Ces derniers bloquent certaines parties du cerveau et des gênes pour protéger le corps et lui permettre de survivre.
Ainsi, la peur des agressions racistes, l’esclavage, la ségrégation et les violences intra-familiales participent à ce stress traumatique qui modifie l’ADN et sera transmis aux futures générations. C’est ce qu’a démontré une étude de janvier 2022 de la revue"Epigenomic" portant sur les survivants du génocide rwandais. Il apparait que les gènes impliqués dans les risques de troubles mentaux tels que le stress post-traumatique et la dépression aurait mutés chez elleux.
Une autre étude, en 2015 portée par Rachel Yehuda dans la revue "Biological Psychiatry" avait également fait cette même hypothèse, pour les victimes de la Shoah.
Le point commun de ces 2 études est que la méthylation de l'ADN (capacité d’entretien, de réparation et de fabrication de nos cellules, etc.) serait endommagé chez ces personnes et il transmettrait les traumas de cellules en cellules et donc de génération en génération.
Trauma et perpétuation de ces violences
Avoir été éduqué avec des châtiments corporels conduit à une normalisation de la violence. En effet, nous avons tendances à reproduire nos modèles éducatifs de référence même lorsqu’ils sont néfastes. C’est ainsi que les victimes de châtiments corporels reproduisent le traumatisme qu’elles ont subi, par mimétisme et intériorisation de la violence.
Propositions :
Ces violences ne concernent donc pas uniquement les familles afro-descendantes. Cela étant dit, les crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la colonisation ont ancré ces pratiques.
Dans le meilleur des mondes, il existerait pourtant des solutions qui pourraient être mises en place pour aider TOUTES les familles (sans distinctions raciales) :
Pendant une grossesse: flyers informatifs sur les conséquences des sévices corporels sur le développement de l’enfant;
Avant et plusieurs mois après accouchement : 1h de formation en ligne ou en personne sur comment éduquer (ou "discipliner") sans violence quelconque son enfant;
5 min de rappel après chaque visite chez lea pédiatre
questionnaire (illustré, audio ou écrit) donné aux enfants dès 4 ans
Mais aussi:
formation et suivi de soutien aux familles demandant de l’aide
campagnes de sensibilisation
des congés parentaux plus longs et mieux indemnisés
de meilleures formations du personnel en relations avec des enfants pour mieux repérer ces violences, les adresser et orienter les parents avec bienveillance
formations pour mieux comprendre nos biai
Conclusion
Il existe différents facteurs de traumas et de stress qui expliqueraient l’utilisation de violences corporelles dans l’éducation d’enfants : précarité, décès, burn out, etc. Nous avons voulu comprendre les facteurs historiques qui expliqueraient ces violences dans les familles afro-descendantes des Antilles et de la Réunion.
Nous condamnons ces pratiques, sans pour autant jeter l’opprobre sur ces personnes.
Sources :
Shui Jiang and al., Epigenetic Modifications in Stress Response Genes Associated With Childhood Trauma, Front. Psychiatry, 08 November 2019
Centre on the Developing Child (2014), Excessive Stress Disrupts the Architecture of the Developing Brain, National Scientific Council on the Developing Child
Joanna Thevenot, Le traumatisme de la Shoah se transmet génétiquement, selon une étude scientifique, Huffpost, 26 août 2015
Pauline Kairu, Genocide trauma changed victims’ DNA, says study, The East African, January 22, 2022
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