Ces 2 définitions conviennent à TOUS les combats pour la justice sociale:
privilège: un avantage, droit ou immunité garanti à un groupe de personnes au détriment d'un autre groupe, souvent minoritaire ou vu comme inférieur.
Ex.: je suis mince et ne me pose pas la question de savoir si quand je vais voir mon médecin pour une consultation, si iel va mettre mes symptômes sur le compte de mon poids (grossophobie).
allié: personne qui s'éduque, soutien, prend la défense et éduque autrui aux besoins ou difficultés rencontrées par un groupe discriminé.
Ex.: une homme qui entend des propos misogynes et explique à la personne ayant tenue ces propos sexistes en quoi ces derniers sont problématiques (sexisme).
Photo: Brett Sayles/Pexels
Appropriation culturelle: c'est l'utilisation d'éléments d'une culture dominée par les personnes d'une culture dominante dans un objectif commercial, sans la comprendre, ni la respecter et sans partager les recettes engendrées avec les personnes de cette culture dominée.
Ex.: les Beatles font du blues, mais n'ont pas reversé de fonds à des associations afro-américaines de blues OU Dior fait un défilé avec des motifs aborigènes, mais ne verse rien aux associations aborigènes.
Appreciation culturelle: c'est l'utilisation éclairée et respectueuse d'éléments d'une culture dominée par les personnes d'une culture dominante dans un objectif de rendre hommage à cette culture. Les recettes sont partagées.
Ex.: un.e enseignant.e blanc.he veut sensibiliser ses élèves aux problématiques des Américains natifs et leur faire un "coin" découverte dans la classe. Je n'achète des objets culturels qu'à des Américains natifs et je demande à des Natifs Américains de faire des interventions en classe.
Blanchité: la perception du groupe "blanc" comme construction socio-politique. On donne donc aux personnes blanches une même représentation raciale que pour les autres groupes afin de lever le voile sur le racisme structurel et institutionnel qu'ils dominent.
Ex.: les Nazis ont "décatégorisé" les Juifs du groupe "blanc" et imaginé un modèle blanc parfait pour pouvoir les discriminer (et les massacrer).
Colorisme: classification par teinte de peau d'un groupe en donnant la préférence aux personnes les plus "claires" car le groupe blanc peut se projeter son identité raciale.
Ex.: les femmes à la peau "foncée" sont jugées plus sévèrement par la justice que les femmes "claires de peau" pour le même crime (les premières ont 58% plus de risques d'être condamnées à la perpétuité que les secondes).
Métisse: se dit d'une personne ayant dans son patrimoine génétique de 2 ou plus de races ou ethnies différentes.
Ex.: son père est Viêtnamien/Asiatique et sa mère Ethiopienne/Noire, iel est métisse. Son père est Belge/Blanc et sa mère Française/Blanche, iel n'est pas métisse.
Microagression/micro-agression: expression utilisée lors d'échanges brefs qui renvoie un message négatif, dévalorisant ou avec une charge raciste.
Ex.: "J'adore ta tignasse sauvage! On dirait une lionne" (en parlant à une personne noire qui aurait les cheveux frisés). "tu ne fais pas du tout homosexuel" (en parlant à une personne gay qui ne correspondrait aux clichés)
Racisme intériorisé: le fait d'avoir intériorisé les préjugés et stéréotypes sur son propre groupe racial et se dévaloriser et dévaloriser son groupe.
Ex.: Eloise est arabe et est consultante juridique. Elle doit rencontrer un avocat et son client. Mathias, blanc et Pierre, arabe arrivent. Eloise a immédiatement pensé que Mathias était l'avocat. C'était le client...
Racisme inversé/racisme anti-blanc: thèse selon laquelle les personnes blanches vivraient le même racisme que les autres groupes raciaux. Cette notion est une idéologie raciste visant à faire oublier les origines et l'omniprésence du racisme systémique et institutionnel. Les blancs n'ont jamais été réduit en esclavage ou mis en bas de l'échelle sociale. Les personnes blanches peuvent être victime de propos offensant et être victime d'agression, mais la charge émotionnelle, historique et socio-politique est quasiment inexistante.
Ex.: quand on parle de "personnes racisées" ou "personnes de couleur", on ne parle pas de blanc. Car la blanchitude est la norme. Le concept de race a été inventé par Arthur de Gobinet au milieu du XIXe s. pour justifier la hiérarchisation des groupes, justifier l'esclavage et la colonisation et assurer la domination des Européens blancs.
Ex.2: une personne noire subira des contrôles d'identité plus souvent, recevra plus de refus à l'embauche et fera face à davantage de microagressions et agressions à caractère raciste qu'une personne blanche, du fait du racisme systémique de nos société.
La suprématie blanche: idéologie selon laquelle les valeurs culturelles et les croyances des européens-blancs seraient la norme et domineraient les autres. Cette idéologie est maintenant ancrée dans nos institutions, nos systèmes éducatifs et sociaux et nos habitudes. Elle octroie un certain nombre de privilège à sa communauté.
Ex.: le refus d'avoir des chapitres sur les conséquences économique, psychologique et sociétale de l'esclavage et de la colonisation par la France.
White passing: le fait qu'une personne "racisée" puisse ressembler à une personne blanche.
Ex.: Roberto est métisse brésilien, mais clair de peau. On ne questionne jamais ses origines dans sa vie quotidienne ou professionnelle. Il ne subit pas de racisme ordinaire ou de microagressions.
White saviorism/le complexe du Sauveur Blanc: issu des propagandes coloniales et religieuses des missionnaires, c'est l'action et l'idée légitimant le fait que des personnes blanches aillent "aider" les populations de pays de l'hémisphère sud sans connaissances du contexte historico-politique ou culturelles, ni compétences spécifiques. Ces personnes se mettent en scène et en avant et font des locaux des accessoires.
Ex.: Jean-Michel va au Mali deux semaines pour aider à construire une école. Il n'a aucune compétence, ne participera que 10 jours, se prendra en photo et les publiera sur ses réseaux sociaux et des sites de rencontre.
Photo: @humanitariansoftinder/Instagram