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  • Photo du rédacteurMarine Baby

Zootopia : un film qui a raté son sujet ou un film de suprémacistes blancs

Depuis quelques mois, Pitchoune découvre le monde merveilleux de l'animation Disney, après des mois à regarder "Moana", iel regarde en boucle "Frozen 2" et "Zootopia".


J'avais beaucoup aimé Zootopia à sa sortie, or après 3 visionnage et 2 années de prise de conscience de l'antiracisme, voici donc que je le vois sous un autre oeil.



Synopsis et SPOILER

Zootopia est une ville où dominants et dominés vivent sur un même pied d'égalité. Or, les préjugés et les biais persistent. Des dominants disparaissent. Une policière "dominée" enquête avec l'aide d'un "dominant".


Spoiler :

Ensemble, ils découvrent qu'il s'agit d'une machination d'une dominée qui souhaite se venger du groupe dominant et d'arriver à des fins personnelles.




De quelle oppression s'agit-il ?


Si je choisis de donner le synopsis en utilisant les termes de "dominant" et "dominé" plutôt que de "carnivore" et "herbivore", c'est pour vous c'est parce que Zootopia ne stipule pas de quelle oppression il s'agit.

On peut donc lire cette dualité comme pouvant être de n'importe quelle oppression systémique : Blanc/personnes racisées, cisgenre hétéro/LGBTQIA+, valide/handicapéex, mince/gros, etc.


Au lieu d'aborder l'oppression sous sa forme systémique, elle est traitée sous la forme de biais et de préjugés et UNIQUEMENT du groupe oppressé à l'égard du groupe oppresseur.


Celleux qui gravissent l'échelle sociale, sont celleux ressemblent au groupe dominant (passing), tel que le chef de Police qui est fort comme un dominant.


Il fait d'ailleurs de la discrimination envers son groupe (oppression intériorisée) : la policière.


La conclusion est également problématique : ce sont des membres du groupe oppressé qui sont les vilains (terroristes).

D'ailleurs la policière a aidé à diffuser ses plans machiavéliques à cause de ses biais. Les oppresseurs historiques sont les victimes.


Or pas une seule fois, le fait qu'elle soit harcelée et maltraitée par les dominants n'est traité. Elle est l'assistante du maire, or son bureau est un placard à balais et on lui parle de manière irrespecteuse en lui hurlant dessus ou la gaslightant tout au long du film.


Le racisme


Je décide d'interpréter l'oppression traitée comme étant le racisme, car c'est un sujet qui est omniprésent dans le débat publique, politique et privé aux États-Unis. J'y vis et ce sujet impacte mon quotidien. Mais aussi, car il y a des séquences dans le films qui y font écho "cela ne se fait pas de dire ce mot, entre personnes du même groupe, on peut s'appeler ainsi, mais si toi tu le fais, c'est insultant" (le mot "N") ou encore "cela ne se fait pas toucher les poils d'un mouton" (toucher les cheveux des Noir.e.s).


Si l'oppression est le racisme, alors, on suppose que les carnivores (dominants) sont les personnes blanches et les herbivores (dominés) sont de la Majorité Globale (racisés/racialisés).


Donc, les Noirs ou autres minorités raciales dans un monde égalitaire n'arriveraient pas à surpasser leurs préjugés, liés à des siècles de maltraitance et de discrimination, à l'égard des Blancs et pire, iels manipuleraient l'opinion publique pour faire du tord aux Blancs.


C'est l'analogie du racisme inversé appelé aussi anti-Blancs.



Conclusion


Même si on présume que l'intention n'était pas de faire du racisme anti-blanc. Il y a des centaines personnes ayant travaillé sur ce film, comment ont-ils pu passer à côté ? Pourquoi les spectateur.ice.s ne l'ont pas vu?


Un autre article en français offre beaucoup d'éléments penchant sur un traitement raté du sexisme et de l'apologie du "Not All Men" (tous les hommes ne sont pas des vi*leurs).


Zootopia reste graphiquement très beau et son traitement du mythe de la méritocratie est très bien réalisé, mais ce n'est pas suffisant selon moi. Il ne chamboule pas les moeurs. Un raciste et un antiraciste peuvent sortir de la séance et être satisfait de ce qu'iels ont vu.


En effet, cela fait d'autant plus écho au traitement misogyne des procès de violences conjugales ou d'agressions sexuelles : les victimes, si elles ne sont pas "parfaitement irréprochables" se font davantage maltraiter que les agresseurs.



Pour aller plus loin :



Zoller Seitz M., Zootopia, Roger Ebert, March 04, 2016



L.D., Predator Tears, Les larmes des prédateurs : Zootopie, une allégorie nauséabonde, Le cinéma est politique, 24 mai 2016




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